Évaluation nationale des  
risques en matière de  
blanchiment de capitaux et de  
financement du terrorisme  
Luxembourg, le 20 décembre 2018  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
Table des matières  
Table des matières  
AVANT-PROPOS  
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3
3
4
RÉSUMÉ ANALYTIQUE  
INTRODUCTION  
1. ÉVALUATION DU RISQUE INHÉRENT: APPROCHE  
2. MENACE INHÉRENTE LIÉE AU BLANCHIMENT DE CAPITAUX  
ET AU FINANCEMENT DU TERRORISME  
6
3. VULNÉRABILITÉS SECTORIELLES INHÉRENTES AU BLANCHIMENT  
DE CAPITAUX ET AU FINANCEMENT DU TERRORISME  
9
13  
18  
4. RÉGIME DE MITIGATION EN PLACE  
5. PERSPECTIVES DAVENIR  
ANNEXE A.  
GLOSSAIRE DES PRINCIPAUX TERMES ET DÉFINITIONS  
19  
1
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
Avant-propos  
AVANT-PROPOS  
Le Luxembourg est une économie ouverte et en pleine crois-  
sance placée au sein de l’Union européenne et l’une des princi-  
pales places financières mondiales. Situé au cœur de l’Europe  
avec une population active dynamique et multinationale, le  
Luxembourg abrite de nombreuses institutions européennes.  
Le pays est devenu un pôle financier majeur en Europe, au ser-  
vice à la fois de l’économie nationale et des besoins d’autres  
pays en exerçant des activités internationales aussi diverses  
que la banque privée, l’assurance, la gestion de fortune et  
les paiements. Le gouvernement luxembourgeois est bien  
conscient que ce succès implique également une exposition à  
la menace croissante et évolutive du blanchiment de capitaux  
et du financement du terrorisme (BC/FT) à travers le monde.  
judiciaires ont condamné plus de 230 personnes pour blanchi-  
ment de capitaux et financement du terrorisme et confisqué  
des avoirs d’origine criminelle représentant un montant de plus  
de 30 millions d’euros.  
La première Evaluation nationale des risques (ENR) a été ache-  
vée en 2018, et le gouvernement est heureux de présenter ce  
rapport sommaire. Cet exercice représente un grand pas en  
avant dans l’amélioration d’une compréhension globale et  
partagée des risques inhérents, des forces du régime actuel de  
LBA/CFT et dans l’identification des domaines dans lesquels  
les moyens de défense des instances concernées peuvent être  
développées davantage. L’ENR est le fruit d’un effort conjoint  
et coordonné des principaux intervenants du régime national,  
notamment les décideurs, les superviseurs, les organismes  
d’autorégulation, les autorités judiciaires et les services répres-  
sifs. De plus, les autorités ont reçu une manne de renseigne-  
ments de la part de participants du secteur privé et d’organes  
représentatifs. Le Gouvernement exprime sa reconnaissance à  
toutes les personnes concernées.  
Le Luxembourg est depuis longtemps engagé dans la lutte  
contre les activités de BC/FT et veille à mitiger les risques qui se  
produisent dans sa juridiction. Les autorités luxembourgeoises  
s’engagent à faire respecter les normes internationales et à ap-  
pliquer les meilleures pratiques dans la lutte contre le BC/FT,  
et ce conjointement avec leurs partenaires internationaux tant  
dans le cadre d’une coopération régulière que par le biais d’or-  
ganismes et de forums internationaux.  
Ce travail est un outil précieux pour les autorités nationales  
compétentes et les organes de coordination afin de mieux com-  
prendre les risques de BC/FT auxquels le pays est confronté et  
d’étayer leurs propres évaluations des risques et leurs activités  
permanentes de surveillance, de détection et de répression.  
A cette fin, le Luxembourg a mis en œuvre, au cours des cinq  
dernières années, une série de réformes de son cadre juridique  
et de sa structure institutionnelle afin de faire face à la nature  
évolutive des risques encourus, la complexité accrue des ac-  
tivités illicites et de leurs auteurs, et d’appliquer des normes  
internationales communes plus strictes convenues avec ses  
pairs internationaux. Aujourd’hui, le Luxembourg dispose d’un  
régime solide et proactif de lutte contre le blanchiment de capi-  
taux et contre le financement du terrorisme (LBC/CFT) à travers  
des activités de prévention, de détection et de poursuite, ainsi  
que le recouvrement du produit des infractions commises. Ce  
processus a débouché sur des résultats tangibles. En 2017, les  
entités du secteur privé ont déclaré environ 39 000 transactions  
suspectes, les superviseurs ont effectué plus de 100 inspections  
in situ, appliqué plus de 80 mesures correctives et les autorités  
L’ENR servira également de base aux futures actions mises en  
œuvre par les décideurs politiques et les autorités nationales  
afin de renforcer davantage le régime de LBC/CFT, selon une  
approche fondée sur les risques.  
Dès lors, l’ENR contribue à construire une base solide permet-  
tant d’améliorer en permanence la réponse des autorités aux  
risques de BC/FT tout en préservant l’environnement ouvert et  
propice aux affaires du Luxembourg d’aujourd’hui.  
Pierre Gramegna, Ministre des Finances  
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Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
Introduction  
RÉSUMÉ ANALYTIQUE  
INTRODUCTION  
Le Luxembourg est depuis longtemps engagé dans la lutte  
contre le BC/FT et veille à mitiger les risques qui se produisent  
dans sa juridiction et se présentent sur son territoire. A cette  
fin, le pays est également déterminé à mieux comprendre ses  
propres risques et capacités, face à la croissance et l’évolution  
des risques de BC/FT, en tenant compte des lignes directrices  
internationales en la matière. Par conséquent, le Luxembourg  
a effectué sa première ENR à partir de la mi-2016 et jusqu’en  
2018, ce qui lui permet d’identifier, d’évaluer et de comprendre  
les risques de blanchiment de capitaux et de financement du  
terrorisme. Le Luxembourg a l’intention d’utiliser l’ENR pour  
mieux définir et orienter son approche de la surveillance fon-  
dée sur les risques, pour hiérarchiser les priorités et la réparti-  
tion des ressources en fonction des risques identifiés et pour  
définir les actions à mettre en œuvre.  
ganismes d’autorégulation, des associations professionnelles  
et des acteurs du secteur privé (plus de 20 organismes au total).  
L’exercice a été mené tout au long de la période 2016-2018 et  
présente une évaluation de la situation du Luxembourg à la fin  
de l’année 2017.  
Conformément à une approche fondée sur le risque, une at-  
tention particulière a été accordée à l’analyse de l’exposition  
du Luxembourg aux risques découlant de son rôle en tant que  
place financière mondiale. Ceci est d’autant plus important  
que le secteur financier est le secteur le plus important du pays  
(27% de la valeur ajoutée brute et 11% de l’emploi en 2017)  
avec de nombreuses institutions étrangères, des avoirs de  
propriété étrangère et un centre de premier plan pour diverses  
entreprises internationales, prestataires de services financiers  
dans la zone euro.  
Le processus a recueilli les renseignements d’un large éventail  
de parties prenantes nationales, y compris des ministères, des  
autorités nationales de surveillance et autres autorités, des or-  
Le présent rapport résume les résultats de l’analyse des risques  
inhérents de l’ENR.  
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Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
1. Évaluation du risque inhérent : Approche  
1. ÉVALUATION DU RISQUE INHÉRENT : APPROCHE  
L’approche combine des informations qualitatives et quan-  
titatives avec l’expertise professionnelle. Les données ont été  
recueillies auprès de diverses sources internationales et na-  
tionales (publiques et privées), y compris des études et des  
rapports internationaux (OCDE, Eurostat, Europol, rapport sur  
l’évaluation supranationale des risques de l’UE (SNRA)), des  
rapports annuels (CSSF, CRF, CAA), des statistiques (STATEC) et  
des données non accessibles au public provenant des autori-  
tés de surveillance et des services répressifs. Il a été complété  
par des avis d’experts dans le cadre d’interactions régulières  
de haut niveau avec les autorités concernées et le secteur privé  
afin d’enrichir les résultats. Dans une approche conservatrice,  
l’évaluation des risques fait apparaitre des risques plus élevés  
lorsque des statistiques ou des connaissances détaillées fai-  
saient défaut.  
nularité a été appliqué à l’évaluation de sous-secteurs afin de  
soutenir les mêmes objectifs au sein de chaque autorité com-  
pétente. A ce titre, l’évaluation se concentre principalement sur  
les autorités nationales compétentes, les organes d’autorégu-  
lation, les services répressifs et les comités interinstitutionnels,  
selon le cas.  
Les risques inhérents sont définis comme étant des risques de  
BC/FT avant de prendre en compte les mesures de mitigation  
en place. Il s’agit de menaces1 (infractions générant des pro-  
duits à blanchir ou destinés à financer des activités terroristes)  
et de vulnérabilités2 (les secteurs les plus exposés et suscep-  
tibles d’être exploités à des fins de blanchiment de capitaux et  
du financement du terrorisme). Les risques inhérents évalués  
proviennent de l’économie luxembourgeoise, de son ouverture  
et d’autres facteurs structurels, dont son rôle en tant que place  
financière importante. Ils reflètent en partie le modèle écono-  
mique qui a fait du Luxembourg un pays attractif pour les en-  
treprises légitimes.  
Dans le cadre de ce processus, les autorités luxembourgeoises  
ont établi un classement des risques pour chaque secteur éco-  
nomique en utilisant des catégories de risques allant de « très  
faible » à « très élevé », qui reflète les pratiques courantes. Ces  
notations doivent être comprises comme une évaluation du  
risque relatif existant au Luxembourg. En d’autres termes, un  
secteur présentant un risque « très élevé » est considéré comme  
étant plus susceptible d’être abusé ou détourné à des fins de  
BC/FT que celui qui présente un risque « moyen », au Luxem-  
bourg. Le niveau de précision et la portée de l’évaluation des  
risques ont été discutés et convenus au début de l’évaluation.  
L’ENR effectuée par le Luxembourg s’inscrit dans une pers-  
pective nationale, afin de contribuer à la compréhension des  
risques principalement au niveau du pays et des secteurs dé-  
terminant ainsi la stratégie à appliquer et l’allocation nationale  
des ressources parmi les différentes autorités compétentes et  
les services répressifs. Si nécessaire, un niveau adapté de gra-  
L’évaluation des risques inhérents a été effectuée en évaluant  
tant les menaces que les vulnérabilités afin de déterminer les  
risques inhérents par secteur et sous-secteur sur une échelle  
allant de un à cinq (de très faible à très élevé). Quant aux  
menaces, le blanchiment de capitaux et le financement du  
terrorisme sont évalués séparément en raison de la nature di-  
vergente des infractions. En ce qui concerne les vulnérabilités,  
bien que le but et la nature du blanchiment de capitaux et du fi-  
nancement du terrorisme puissent être différents, les criminels  
utilisent souvent des techniques similaires pour déplacer des  
fonds illicites. Compte tenu de la similarité des méthodes utili-  
sées, l’évaluation des vulnérabilités porte à la fois sur l’exposi-  
tion au BC et au FT sans faire de distinction dans son analyse.  
1
2
Une menace est une « personne ou un groupe de personnes, un objet ou une activité qui a le potentiel de nuire, par exemple, à l’Etat, à la société,  
à l’économie, etc », FATF Guidance on National Money Laundering and Terrorist Financing Risk Assessment, Février 2013.  
Les vulnérabilités sont « ces choses qui peuvent être exploitées par la menace ou qui peuvent en soutenir ou faciliter les activités », FATF Guidance  
on National Money Laundering and Terrorist Financing Risk Assessment, Février 2013.  
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Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
1. Évaluation du risque inhérent : Approche  
Les menaces ont été évaluées en fonction des 20 infractions  
primaires qui tiennent compte de la catégorisation des infrac-  
tions3 établie par le GAFI et qui correspondent à des infractions  
granulaires en droit luxembourgeois. Les menaces ont été  
évaluées sur une échelle allant de un à cinq (très faible, faible,  
moyenne, forte et très forte), en fonction d’une grille d’évalua-  
tion fondée sur une combinaison de données nationales et  
internationales complétées par des avis d’experts, ainsi qu’un  
atelier organisé avec l’ensemble des autorités judiciaires pour  
valider les résultats. Les critères comprenaient la probabilité  
(fréquence des infractions), la taille et la complexité (p. ex. l’esti-  
mation du produit de l’infraction, les formes monétaires et non  
monétaires) ainsi que les conséquences.  
et d’actifs et les courtiers en valeurs mobilières sont inclus dans  
le secteur des investissements). En outre, certains autres sec-  
teurs ne relevant pas de la loi LBA/CFT de 2004 sont analysés  
par souci d’exhaustivité (tels que les personnes morales et les  
constructions juridiques, les hôtels, les bars et les restaurants).  
Compte tenu de la complexité, de la taille et du nombre des  
secteurs, la méthodologie employée comportait deux niveaux.  
Dans un premier temps, au niveau macroéconomique, les vul-  
nérabilités sectorielles ont été évaluées sur la base d’une éva-  
luation de l’extérieur vers l’intérieur, avec des ensembles de  
données internationales et un modèle d’analyse comparative.  
Dans un deuxième temps, au niveau méso, les vulnérabilités  
ont été évaluées à un niveau sous-sectoriel plus granulaire,  
sur la base de données nationales et spécifiques aux supervi-  
seurs, et d’entretiens avec chacune des autorités compétentes.  
Il s’agissait de définir un ensemble de critères communs à tous  
les sous-secteurs, notamment la taille, la fragmentation du  
marché, la structure propriétaire et juridique des entités, les  
produits/activités, les clients et les canaux d’interaction. Les  
données quantitatives et les informations qualitatives ont été  
recueillies à partir de sources de données nationales (certaines  
publiques, d’autres confidentielles) en tenant compte des  
critères d’évaluation. Les données et informations obtenues  
ont été traduites en une cote de vulnérabilité éclairée sur une  
échelle allant de un à cinq selon chaque critère (cinq représen-  
tant l’impact le plus élevé de la vulnérabilité au blanchiment de  
capitaux et au financement du terrorisme).  
L’exposition à ces menaces a été examinée séparément pour  
les infractions commises sur le territoire national et à l’étranger  
en fonction des critères et du processus mentionné. En effet,  
l’importance de la place financière luxembourgeoise et l’ou-  
verture de son économie la rendent plus vulnérable aux flux  
illicites en provenance de l’étranger. L’évaluation globale de la  
menace est fondée sur une moyenne pondérée entre l’exposi-  
tion nationale et l’exposition étrangère, avec des pondérations  
de respectivement4 25 % et de 75 %.  
Les vulnérabilités ont été évaluées pour tous les secteurs et  
sous-secteurs susceptibles d’être exploités pour le blanchi-  
ment et le financement du terrorisme. Le choix de l’ensemble  
des secteurs et sous-secteurs retenus pour l’évaluation s’est  
basé sur les lignes directrices du GAFI comme point de départ,  
tout en s’adaptant à la réalité luxembourgeoise et au modèle  
de l’organisation prudentielle (par exemple, le secteur des va-  
leurs mobilières traité dans l’évaluation inclut uniquement la  
Bourse de Luxembourg, tandis que les gestionnaires de fonds  
3
4
Selon les Recommandations du GAFI (Glossaire), avec quelques adaptations mineures. La liste finale des infractions principales analysées com-  
prend les éléments suivants : Fraude et falsification ; trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ; vol qualifié ou vol ; infractions  
fiscales ; corruption et pots-de-vin ; opérations d’initiés et manipulation de marché ; traite des êtres humains et trafic illicite de migrants ; exploi-  
tation sexuelle, y compris l’exploitation sexuelle des enfants ; contrefaçon et piratage de produits ; participation à un groupe criminel organisé  
et racket ; contrebande ; trafic illicite de biens volés et autres ; crimes contre l’environnement ; trafic illicite d’armes ; extorsion ; meurtre, lésions  
corporelles graves ; enlèvement, séquestration et prise d’otages ; faux-monnayage; piraterie ; terrorisme et financement du terrorisme.  
Il a été convenu que la pondération nationale/étrangère devait refléter une répartition moyenne perçue entre les infractions et les secteurs, sur la  
base de l’avis des experts et des données disponibles (par exemple, la part des actifs sous gestion hors Luxembourg dans le secteur financier).  
5
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
2. Menace inhérente liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme  
2. MENACE INHÉRENTE LIÉE AU BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET  
AU FINANCEMENT DU TERRORISME  
Dans l’ensemble, la menace inhérente liée au blanchiment de  
capitaux et de financement du terrorisme (c’est-à-dire avant la  
prise en compte des contrôles actuellement en place) est prin-  
cipalement due à l’importance du système financier luxem-  
bourgeois, caractérisé par de gros flux financiers entrants et  
sortants, ainsi qu’à l’économie ouverte et diversifiée du pays.  
Cette section décrit brièvement les menaces BC et FT pour le  
Luxembourg.  
tral de ces services dans le marché commun de l’UE.  
Compte tenu de l’ampleur du secteur financier et de sa part de  
flux financiers étrangers, le risque du blanchiment du produit  
de crimes étrangers au Luxembourg et la sophistication des  
procédés de blanchiment de capitaux sont considérés comme  
étant tout aussi importants. Des études et des directives inter-  
nationales indiquent que les produits du crime sont souvent  
blanchis dans des endroits éloignés du lieu du crime afin de  
tenter de dissimuler l’origine des fonds.6 Les estimations va-  
rient, mais selon une des études7, par exemple, environ 30 %  
des revenus illicites dans le monde sont blanchis à l’étranger,  
ce qui rend plus vulnérables les pays disposant d’une part im-  
portante des flux directs étrangers. En effet, le blanchiment de  
capitaux issus de crimes étrangers représente une part impor-  
tante des demandes d’entraide judiciaire ou commissions ro-  
gatoires internationales (CRI8) sollicitées et des saisies d’avoirs  
opérées par les autorités luxembourgeoises. Pour l’ensemble  
des crimes, les autorités de poursuite déclarent avoir reçu au  
total environ 240 CRI liées au blanchiment de capitaux au cours  
des trois dernières années de 2015-2017 (sur un total d’environ  
1 500 CRI, soit 15-17% du total pour chacune des trois années).9  
Blanchiment de capitaux  
(crimes nationaux et étrangers)  
Le blanchiment des produits d’activités criminelles exercées à  
l’étranger constitue la plus grande menace pour le Luxembourg.  
L’ampleur, la diversité et l’ouverture aux flux financiers transi-  
tant par le Luxembourg contribuent à cette exposition. Ceci est  
étayé par des données provenant des autorités judiciaires, des  
études internationales et des expertises réalisées par les auto-  
rités du pays. Selon le classement du Global Financial Centres  
Index5 (GFCI), le Luxembourg occupe le 21ième rang parmi les  
centres financiers à travers le monde et connaît d’importants  
flux financiers entrants et sortants, à destination ou en pro-  
venance de différentes zones géographiques. Le Luxembourg  
détient une part très importante (12%) des services financiers  
internationaux. Toutefois, les flux financiers importants par rap-  
port à la taille du pays, tels qu’ils ressortent de plusieurs études,  
doivent également être replacés dans le contexte du rôle cen-  
Les menaces externes les plus probables pour le Luxembourg,  
en termes de blanchiment de capitaux, sont les suivantes :  
infractions fiscales, fraude et falsification, trafic de drogue,  
corruption et pots de vin. En fait, ces quatre infractions repré-  
sentent plus de 70 % de la valeur estimative des produits de  
5
6
Z/Yen, Global Financial Centres Index 23, Mars 2018.  
Cf. à titre d’exemple: UNODC, Report Estimating Illicit Flows Resulting from Drug Trafficking and Other Transnational Organized Crimes, 2011, ou  
FATF, FAQ on money laundering.  
7
8
R. W. Baker, Capitalism’s Achilles Heel: Dirty Money and How to Renew the Free-Market System, 2005.  
Les demandes d’entraide judiciaire (Legal Assistance Request -LAR) font référence à une méthode de coopération entre les États pour obtenir de  
l’aide dans le cadre d’enquêtes ou de poursuites relatives à des infractions pénales. Une demande d’entraide judiciaire est généralement soumise  
pour obtenir du matériel qui ne peut pas être obtenu dans le cadre d’une coopération policière, en particulier les enquêtes qui nécessitent des  
moyens coercitifs, et peut faire référence à différents types d’assistance demandés par des pays étrangers aux autorités judiciaires luxembour-  
geoises. Au Luxembourg, comme dans les autres juridictions civiles, les demandes d’entraide judiciaire sont appelées Commissions Rogatoires  
Internationales (CRI). En anglais, la demande d’entraide judiciaire est souvent appelée Mutual Legal Assistance (MLA). Les termes LAR, MLA et CRI  
sont utilisés de façon interchangeable.  
9
Service statistique du Parquet général.  
6
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
2. Menace inhérente liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme  
la criminalité générés à l’échelle mondiale10, plus de 70 % des  
saisies effectuées à la suite de demandes d’entraide judiciaires  
soumises aux autorités de poursuite au cours des années 2015–  
201711, et plus de 60 % des demandes d’entraide judiciaires re-  
çues par les autorités de poursuite au cours des années 2015-  
201712. Ces données rejoignent l’avis des experts au sein des  
autorités nationales.  
On estime que la menace de blanchiment des revenus issus  
d’infractions commises sur le territoire national est nettement  
plus faible, en raison du taux de criminalité relativement bas  
du Luxembourg et de la présence limitée de la criminalité or-  
ganisée. La fraude et la falsification, le trafic de drogues, les vols  
qualifiés ou les vols sont les trois menaces les plus importantes  
sur le territoire luxembourgeois. Si certaines infractions peuvent  
être perpétrées au niveau national, cela n’implique pas néces-  
sairement que leurs produits sont blanchis au Luxembourg,  
mais qu’ils peuvent être acheminés à l’étranger (par exemple,  
des infractions commises par des groupes criminels organisés  
étrangers qui en transfèrent les produits en dehors du Luxem-  
bourg).  
TABLEAU 1 : CARTE DE L’EXPOSITION NATIONALE AUX MENACES DE BC  
Exposition externe  
Exposition nationale  
(25 %)  
Exposition moyenne  
pondérée  
Infraction principale désignée  
(75 %)  
Blanchiment de capitaux (menace moyenne de BC)  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Élevée  
Moyenne  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Très élevée  
Élevée  
Trafic de stupéfiants  
Élevée  
Fraude et falsification  
Élevée  
Infractions fiscales  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Faible  
Corruption et pots de vin  
Participation à un groupe criminel organisé & racket  
Contrefaçon et piratage de produits  
Exploitation sexuelle, y compris l'exploitation sexuelle d’enfants  
Contrebande  
Élevée  
Élevée  
Élevée  
Élevée  
Élevée  
Élevée  
Vol qualifié ou vol  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Faible  
Élevé  
Élevée  
Traite des êtres humains et trafic illicite de migrants  
Délits d'initiés et manipulations de marché  
Trafic illicite de biens volés et autres  
Crimes contre l'environnement  
Trafic illicite d'armes  
Moyenne  
Faible  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Moyenne  
Faible  
Faible  
Faible  
Faible  
Faux-monnayage  
Faible  
Extorsion  
Faible  
Très faible  
Très faible  
Très faible  
Très faible  
Moyenne  
Faible  
Meurtre, lésions corporelles graves  
Enlèvement, séquestration et prise d'otage  
Piraterie  
Faible  
Faible  
Faible  
Faible  
Faible  
Faible  
Terrorisme et financement du terrorisme  
Moyenne  
Moyenne  
10 UNODC, Report Estimating Illicit Flows Resulting from Drug Trafficking and Other Transnational Organized Crimes, 2011.  
11 Service statistique du Parquet général.  
12 Service statistique du Parquet général.  
7
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
2. Menace inhérente liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme  
et 2017.15 Le Luxembourg a également élargi sa définition de  
Terrorisme et financement du  
terrorisme (FT)  
l’infraction principale de terrorisme pour y inclure, par exemple,  
la propagande et l’entraînement.16 Certains facteurs (y compris  
des facteurs externes) pourraient contribuer à l’exposition du  
Luxembourg à cette menace en termes de probabilité, comme  
par exemple sa proximité géographique avec les pays voisins  
qui ont subi des attentats terroristes.  
Les menaces de terrorisme et de financement du terrorisme  
(FT) sont jugées moyennes dans l’ensemble. Il convient de no-  
ter que, bien qu’elles soient présentées ensemble ici13, les me-  
naces de terrorisme et de financement du terrorisme sont de  
natures différentes. Néanmoins, les deux sont étroitement liées  
et considérées comme globalement modérées par rapport au  
blanchiment de capitaux au Luxembourg, même si cela est dû  
à des facteurs différents (par exemple, la position géographique  
du Luxembourg pour ce qui est de la menace du terrorisme, la  
place financière pour ce qui est de la menace du financement  
du terrorisme).  
Financement du terrorisme : Le financement du terrorisme est  
une menace plus probable pour le Luxembourg que le ter-  
rorisme, étant donné la position du pays en tant que centre  
financier européen majeur, plus orienté vers une clientèle in-  
ternationale que vers une clientèle domestique, gérant des flux  
financiers importants qui transitent par le pays. Comme dans  
le cas du BC, la place financière luxembourgeoise pourrait être  
la cible de groupes terroristes étrangers, et le risque qu’un sec-  
teur soit victime d’abus de la part de groupes terroristes ou de  
financiers terroristes étrangers n’est pas à exclure. Le modèle  
économique luxembourgeois expose le pays à certains des fac-  
teurs considérés comme présentant un risque élevé pour le FT  
dans les recommandations internationales (par exemple, les  
recommandations du GAFI, les directives de l’UE contre le blan-  
chiment de capitaux, les recommandations de l’ESA, SNRA au  
niveau de l’EU), par exemple son secteur bancaire important et  
complexe, ou encore la diversité des entités juridiques.  
Le niveau de menace est principalement dû à la possibilité  
qu’un groupe terroriste ou un argentier du terrorisme étranger  
abuse ou détourne l’important secteur financier luxembour-  
geois ; néanmoins, si l’on considère les données de la CRF,  
des autorités de poursuite et de la police grand-ducale, le ter-  
rorisme et le financement du terrorisme semblent constituer  
une menace plus modérée que le blanchiment de capitaux.  
Par conséquent, peu de TFTR (rapports sur les transactions de  
financement du terrorisme) et de TFAR14 (rapports d’activité  
sur le financement du terrorisme) sont déclarés à la CRF luxem-  
bourgeoise (pour toutes les entités concernées).  
Terrorisme : En dépit de l’absence d’actes terroristes récents et  
de groupes terroristes connus au Luxembourg, le pays a tenu  
compte des récentes attaques terroristes survenues dans les  
pays voisins pour relever son niveau de menace terroriste à 2  
(sur une échelle de 4) en 2015, et l’a maintenu jusqu’en 2016  
13 Comme indiqué conjointement dans les recommandations du GAFI ; le GAFI fait conjointement référence au « terrorisme » et au « financement  
du terrorisme » dans la Recommandation 6 du GAFI ; de même, les résultats immédiats 9 et 10 du GAFI fournissent des exemples de statistiques  
utiles relatives au « terrorisme » et au « financement du terrorisme ».  
14 Terrorist Financing Transaction Report (TFTR) et Terrorist Financing Activity Report (TFAR).  
15 Le niveau de la menace terroriste a été relevé après les attentats perpétrés à Paris en novembre 2015, et maintenu à ce niveau après les attentats  
commis à Bruxelles en mars 2016, selon la communication du Ministère d’État. Le niveau 2 (menace moyenne) définit une menace terroriste réelle  
mais abstraite ; il consiste à accroître la vigilance face à une menace imprécise et à mettre en œuvre des mesures de vigilance, de prévention et  
de protection à intensité variable et temporaire. Voir Ministère d’Etat Luxembourg, Communiqué de presse du 23/03/2016, 2016. Ministère d’Etat  
Luxembourg, Press Announcement on 23/03/2016,  
16 Conseil de l’Europe, Protocole à la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme (STCE n° 196) et Protocole additionnel à la  
Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme (STCE n° 217).  
8
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorismeg  
3. Vulnérabilités sectorielles inhérentes au blanchiment de capitaux  
et au financement du terrorisme  
3. VULNÉRABILITÉS SECTORIELLES INHÉRENTES AU BLANCHIMENT  
DE CAPITAUX ET AU FINANCEMENT DU TERRORISME  
Au Luxembourg, les plus grandes vulnérabilités inhérentes  
au BC/FT (c’est-à-dire avant la prise en compte des contrôles  
actuellement en place) proviennent du secteur bancaire, des  
prestataires de services professionnels et des personnes mo-  
rales et constructions juridiques. D’autres vulnérabilités impor-  
tantes incluent le secteur des placements, les entreprises de  
services monétaires (ESM) et l’immobilier.  
TABLEAU 2 : RISQUE INHÉRENT– SOUS-SECTEURS  
Risque  
Risque  
Secteur  
Sous-secteurs  
inhérent  
inhérent  
Banques de détail et d'affaires (y compris les services de paiement)  
Élevé  
Élevé  
Très élevée  
Élevé  
Faible  
Élevé  
Banques de gros, services financiers aux entreprises et banques d’investissement  
Banques privées  
Dépositaires et sous-dépositaires (y compris les dépositaires centraux de titres - DCT)  
Cours de bourse et valeurs mobilières cotées  
Gérants de fortune  
Banques  
Élevé  
Valeurs mobilières  
Faible  
Courtiers et courtiers-négociants (non-bancaires)  
Négociants et teneurs de marché  
Placements collectifs  
Élevé  
Moyen  
Élevé  
Secteur d’investissement  
Élevé  
Véhicules de titrisation réglementés  
Fonds de pension  
Élevé  
Faible  
Élevé  
Assureurs-vie  
Assureurs non-vie  
Réassurance traditionnelle  
Captives de réassurance  
Faible  
Faible  
Faible  
Élevé  
Assurances  
Moyen  
Élevé  
Intermédiaires  
PSA (professionnels du secteur de l'assurance)  
Institutions de paiement  
Faible  
Élevé  
Entreprises de services monétaires  
Établissements de monnaie électronique  
Agents  
Élevé  
Moyen  
Élevé  
Moyen  
Très faible  
Élevé  
Moyen  
Élevé  
PSF spécialisés en services aux entreprises  
DCT/conservateurs (non bancaires)  
Autres professionnels du secteur financier  
Professionnels de la comptabilité et conseillers fiscaux  
Conseillers économiques  
Prestataires de services du secteur financier  
Autres professionnels du secteur financier  
Élevé  
Très faible  
Prestataires de services aux sociétés et fiducies  
Commissaires  
Élevé  
Prestataires de services professionnels  
Élevé  
Huissiers de justice  
Moyen  
Élevé  
Avocats  
Notaires  
Élevé  
Experts comptables  
Élevé  
Réviseurs d’entreprises  
Élevé  
Casino  
Paris sportifs  
Loteries ad hoc  
Loterie nationale  
Moyen  
Très faible  
Faible  
Faible  
Très faible  
Élevé  
Jeux d'argent  
Faible  
Jeux d'argent en ligne  
Agents et promoteurs immobiliers  
Autres activités immobilières  
Art/Antiquités  
Immobilier  
Élevé  
Élevé  
Moyen  
Moyen  
Moyen  
Élevé  
Produits de luxe (par ex. maroquinerie)  
Métaux précieux, joailliers, horlogerie et vieil or  
Marchands d'automobiles  
Négociants de biens de grande valeur  
Moyen  
Hôtels, bars, restaurants  
Autres commerces de détail  
Opérateurs de port franc  
Élevé  
Élevé  
Élevé  
Hotels, Hôtels, bars, restaurants et autres  
commerces de détail  
Opérateurs de port franc  
Élevé  
Élevé  
9
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorismeg  
3. Vulnérabilités sectorielles inhérentes au blanchiment de capitaux  
et au financement du terrorisme  
Risque  
Risque  
inhérent  
Élevé  
Moyen  
Faible  
Secteur  
Sous-secteurs  
Sociétés17  
Sociétés civiles  
Fondations  
inhérent  
ONG  
Autres Asbl  
Élevé  
Élevé  
Personnes morales et constructions  
juridiques  
Élevé  
Autres  
Très faible  
Élevé  
Très élevé  
Fiduciaires nationales (« fiducies »)  
Fiducies étrangères  
Un résumé des fondements de ces risques inhérents est fourni  
ci-dessous.  
et courtiers-négociants, les négociants et teneurs de marché,  
les véhicules de placement collectif et de titrisation réglemen-  
tée. Au mois de décembre 201719, des actifs nets sous gestion  
représentant 4.160 milliards d’euros étaient investis dans des  
fonds luxembourgeois, faisant du Luxembourg le leader euro-  
péen pour les fonds d’investissement. Les difficultés de détec-  
tion ne doivent pas être sous-estimées en raison de la forte frag-  
mentation du marché en termes de nombre de prestataires et  
d’intermédiaires, de la nature internationale des activités et du  
nombre élevé d’investisseurs particuliers et institutionnels, qui,  
tous ensemble, compliquent la surveillance. Les activités de  
négociation et de tenue de marché sont toutefois plus limitées  
au Luxembourg. En outre, bien que la Bourse de Luxembourg  
soit importante en termes de valeur et de nombre de cotations,  
il s’agit principalement d’un marché d’émission de titres de  
créance représentant un faible volume de transactions réelles,  
ce qui implique que le risque inhérent au secteur des valeurs  
mobilières est limité par rapport à celui des autres secteurs.  
Secteurs financiers :  
Le secteur bancaire est intrinsèquement vulnérable aux  
risques de BC/FT en raison de divers facteurs tels que le nombre  
élevé de clients, la rapidité des transactions et le volume im-  
portant de flux financiers qui, selon la compréhension géné-  
rale des pratiques de blanchiment de capitaux dans le monde,  
pourraient faciliter la dissimulation de transactions illégales.  
Le Luxembourg dispose d’un secteur bancaire important qui  
compte 139 banques de 28 pays différents, et des actifs ban-  
caires représentant 746 milliards d’euros d’actifs18. Il s’agit no-  
tamment des services bancaires aux particuliers et aux entre-  
prises, des services de gestion privée, des services bancaires de  
gros aux entreprises et des banques d’investissement, ainsi que  
des dépositaires et des dépositaires centraux de titres (DCT).  
Parmi ceux-ci, le risque inhérent le plus important concerne  
les banques privées, comparativement plus fragmentées (67  
entités représentant environ 350 milliards d’euros d’actifs, les 5  
premières entités ne représentant qu’environ 40% du marché),  
une part importante de la propriété étrangère et une clientèle  
diversifiée comprenant des personnes morales.  
Le secteur de l’assurance est généralement considéré comme  
moins vulnérable au BC/FT, du fait que les paiements sont im-  
prévisibles ou dépendent d’événements extrêmes et que les  
produits sont complexes pour des criminels ordinaires peu ver-  
sés dans l’ingénierie financière. La vulnérabilité au Luxembourg  
est due à la taille importante de l’industrie (219 milliards d’euros  
d’actifs et 7000 employés), en particulier dans le sous-secteur  
de l’assurance vie, qui est important, fragmenté, orienté vers les  
Le secteur de l’investissement au Luxembourg est vaste et di-  
versifié et comprend un éventail d’entités telles que les gestion-  
naires de fortune et d’actifs, les fonds de pension, les courtiers  
17 Il est à noter qu’un certain nombre de ces sociétés sont réglementées et supervisées aux fins de LAB/CFT (par exemple, le secteur financier, les  
agents immobiliers).  
18 Banque Centrale du Luxembourg, Statistiques : Etablissements de crédit ; Tableau 11.01“ et Tableau 11.05“, depuis décembre 2017.  
19 ALFI et CSSF, Net assets under management in Luxembourg funds, Mai 2018.  
10  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorismeg  
3. Vulnérabilités sectorielles inhérentes au blanchiment de capitaux  
et au financement du terrorisme  
résidents étrangers (mais surtout dans l’EEE) et de détail de par  
sa nature, avec une forte présence d’intermédiaires.  
vices financiers). Leur rôle, leur expertise, leur fragmentation et  
leur taille déterminent le risque inhérent.  
A l’échelle mondiale, les criminels qui se livrent à des activités  
de BC/FT utilisent couramment les entreprises de services  
monétaires (y compris la monnaie électronique et les éta-  
blissements de paiement), en raison des paiements interna-  
tionaux, de la rapidité et du volume des transactions et de la  
portée géographique. Le Luxembourg dispose dans ce secteur  
d’institutions de taille importante (bien que le secteur présente  
une concentration importante avec seulement 13 entités), qui  
traitent des transactions sortantes d’une valeur d’environ 40  
milliards d’euros; il s’agit toutefois essentiellement de transac-  
tions transfrontalières au sein de l’Union européenne.  
Alors que les jeux d’argent sont généralement considérés  
comme particulièrement vulnérables au blanchiment de capi-  
taux, le secteur des jeux d’argent au Luxembourg est limité et  
principalement concentré sur trois activités : un casino, la Lote-  
rie nationale et les loteries ad hoc. Depuis 2017, il n’existe plus  
d’entreprises nationales de jeux d’argent en ligne ou de paris  
sportifs autorisés, et seule la Loterie nationale exerce ces acti-  
vités (le volume étant toutefois très faible). Par conséquent, le  
risque pour l’ensemble du secteur au niveau national est limité.  
Le secteur de l’immobilier est généralement considéré  
comme un secteur à haut risque au niveau mondial, étant don-  
né l’attrait des produits (transactions de grande valeur et actifs  
permettant la conservation de la valeur) et la possibilité de dis-  
simuler la propriété par des opérations d’empilage. Au Luxem-  
bourg, le risque correspond à la note de risque globale - en tant  
que secteur important (environ 7-8% de la valeur ajoutée brute  
du pays en 2016-2017, et des transactions immobilières d’une  
valeur environ 17 milliards20 d’euros en 2016-2017), l’immobi-  
lier est exposé au BC/FT.  
Enfin, dans le secteur financier, certains prestataires de  
services spécialisés (à savoir ceux qui offrent des services  
fiduciaires et des services aux entreprises) risquent d’être  
victimes d’abus en vue du BA/FT en raison du rôle qu’ils  
peuvent éventuellement jouer dans la création de structures  
juridiques complexes ou impliquant plusieurs pays.  
Secteurs non-financiers :  
Le Luxembourg dispose d’un secteur de services professionnels  
important, sophistiqué et d’une certaine envergure qui soutient  
à la fois la place financière et d’autres activités commerciales.  
Il s’agit notamment de comptables, d’auditeurs, d’avocats, de  
conseillers fiscaux et économiques, de notaires et d’huissiers  
de justice, représentant en tout plus de 9000 professionnels (et  
pour la plupart fragmentés au sein de chaque secteur profes-  
sionnel). Ces services sont exposés à d’importants risques BC/  
FT en raison de leur rôle de « gardiens » de l’accès au système  
financier et à d’autres services et de leur rôle éventuel dans la  
création et la gestion de structures juridiques (bien que celles-ci  
s’appliquent à des degrés différents aux différents prestataires,  
par exemple, les notaires sont légalement tenus d’enregistrer  
les transactions immobilières mais ne fournissent pas de ser-  
Les négociants de biens de grande valeur (par exemple, les  
concessionnaires automobiles, les horlogers, les bijoutiers)  
sont exposés au BC/FT du fait qu’ils offrent des produits qui  
peuvent être facilement stockés, transportés et échangés à une  
valeur similaire, ce qui permet de conserver la valeur et l’anony-  
mat. La vulnérabilité au BC/FT au Luxembourg est limitée car il  
s’agit d’un secteur important mais concentré, les risques étant  
essentiellement liés aux concessionnaires automobiles.  
Les hôtels, bars, restaurants et autres commerces de détail  
au Luxembourg sont également exposés au BC/FT en raison  
des opérations en espèces effectuées dans ce secteur, de sa  
fragmentation et de sa diversité. Il existe plus de 10 000 entités  
enregistrées qui comptent environ 19 000 employés et qui ont  
20 Données fournies par STATEC et AED.  
11  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorismeg  
3. Vulnérabilités sectorielles inhérentes au blanchiment de capitaux  
et au financement du terrorisme  
généré une valeur ajoutée brute d’environ 2 % du PIB en 2017.  
Enfin, comme le fait observer l’OCDE, « presque toutes les in-  
fractions économiques impliquent l’utilisation abusive de  
structures d’entreprise21 » car celles-ci peuvent contribuer à dis-  
simuler l’origine des fonds, la propriété effective ou permettre  
le transfert de fonds à l’étranger. Comme dans d’autres pays,  
les personnes morales et les constructions juridiques au  
Luxembourg sont vulnérables aux abus ou au détournement à  
des fins de BC/FT ; avec un nombre élevé de personnes mo-  
rales sous diverses formes juridiques (environ 117 00022 à fin  
2017, dont environ 11 000 organismes à but non lucratif), le  
niveau perçu de propriété étrangère et des opérations et entre-  
prises internationales étant élevé. Les registres centraux pour  
les constructions juridiques et des trusts (« fiducies » ou trusts  
étrangers gérés au Luxembourg) seront un facteur déterminant  
pour atténuer ces risques.  
Le port franc et les opérateurs de port franc luxembour-  
geois (au sein du port franc de l’aéroport de Findel) offrent le  
stockage à long terme de biens de grande valeur (tels que des  
œuvres d’art, des voitures anciennes et des vins fins). Dans les  
recommandations internationales, les zones franches sont  
considérées comme potentiellement vulnérables au BC/FT.  
21 Cf. par exemple, OCDE, Behind the corporate veil: using corporate entities for illicit purposes, 2001.  
22 En outre, environ 30 000 sociétés sont en liquidation judiciaire ou volontaire, ou font l’objet de procédures d’insolvabilité sous contrôle judiciaire.  
12  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
4 .Régime de mitigation en place  
4. RÉGIME DE MITIGATION EN PLACE  
Le Luxembourg a mis en place un régime complet de lutte  
contre le blanchiment et de combat du financement du ter-  
rorisme (LBC/CFT) couvrant l’ensemble de ses structures juri-  
diques et institutionnelles et des autorités compétentes pour  
atténuer les risques inhérents au BC/FT identifiés ci-dessus. Les  
principaux acteurs nationaux concernés y contribuent, y com-  
pris les ministères (finances, justice, affaires étrangères, État),  
les autorités de surveillance nationales et les administrations  
nationales (CSSF, CAA, AED, ACD, ADA), les services de rensei-  
gnement (CRF, SRE), les autorités judiciaires et les services ré-  
pressifs (ministère public, juges d’instruction, police) et les ser-  
vices d’autorégulation (OEC, IRE, OAL, OAD, CdN).  
et peuvent renvoyer l’affaire par-devant un juge d’instruction  
pour mener une enquête judiciaire si des mesures coercitives  
s’imposent ou si l’infraction constitue un crime. Les juges  
d’instruction peuvent ordonner des mesures qui restreignent  
les libertés individuelles (c’est-à-dire des mesures coercitives)  
telles que la détention provisoire, les perquisitions, les saisies  
ou les auditions. La police judiciaire mène les enquêtes confor-  
mément aux ordres des procureurs ou des juges d’instruction  
et peut faire appel à un large éventail de techniques d’enquête  
(y compris les opérations d’infiltration, l’interception des com-  
munications, l’accès aux systèmes informatiques, etc.). Ces  
pouvoirs et ce modèle d’organisation sont assez similaires pour  
les affaires nationales et étrangères, puisque le Luxembourg  
reçoit et traite un nombre important de CRI. En fait, le nombre  
d’enquêtes, de poursuites et de condamnations pour BC/FT a  
considérablement augmenté au cours des dernières années,  
environ 240 personnes ayant été condamnées en 2017 (dont  
217 avec des peines de prison). Un grand nombre de condam-  
nations concernent toutefois l’auto-blanchiment (c’est-à-dire  
les affaires dans lesquelles l’infraction BC est poursuivie contre  
l’auteur associé à l’infraction au lieu d’être traitée comme une  
infraction BC autonome) dans des affaires de trafic de drogues,  
de vol qualifié ou de vol, de fraude et de falsification.  
Depuis 2009, le Luxembourg met en œuvre une série de ré-  
formes de son cadre juridique et de ses structures institution-  
nelles afin de s’adapter à l’évolution des risques de BC/FT et  
aux normes internationales plus strictes. En particulier, la Loi  
LBC/CFT 2004 a été révisée plus d’une fois au cours de cette pé-  
riode. Ces révisions ont transposé les directives de l’UE en ma-  
tière de LBC/CFT et les nouvelles recommandations du GAFI,  
clarifié et renforcé les obligations des entités réglementées en  
matière de LBC/CFT et renforcé les pouvoirs et responsabilités  
des autorités compétentes du Luxembourg. Dans le CP (Code  
pénal), la définition des infractions de blanchiment de capitaux  
et de financement du terrorisme a été mise à jour et alignée sur  
les définitions du GAFI, et les sanctions administratives et pé-  
nales ont été renforcées.  
Le cadre juridique a été renforcé davantage en ce qui concerne  
la confiscation des avoirs et les mesures provisoires de gel des  
avoirs, les dispositions légales ont été progressivement élargies  
et un Bureau de recouvrement des avoirs (BRA)23 a été créé en  
2013. Les autorités judiciaires ont le pouvoir de saisir des avoirs  
au cours d’une enquête préliminaire ou judiciaire sans limite de  
temps, et le pouvoir de les confisquer en cas de condamnation  
(par laquelle l’auteur renonce à la propriété de ses avoirs qui  
sont transférés à l’État). Les autorités judiciaires peuvent utili-  
Ce cadre juridique est également soutenu par les autorités  
judiciaires et les services répressifs, qui mènent toutes les  
actions nécessaires pour enquêter et poursuivre les infrac-  
tions pénales et récupérer les avoirs provenant d’activités cri-  
minelles. A cette fin, les procureurs supervisent les activités  
de la police judiciaire (relatives aux enquêtes préliminaires)  
23 Bureau de Recouvrement des Avoirs (BRA) ; sur la base de la décision 2007/845/JAI, chaque État membre de l’UE doit créer ou désigner un  
maximum de deux bureaux de recouvrement des avoirs pour faciliter le dépistage et l’identification des produits du crime et autres biens liés au  
crime qui peuvent faire l’objet d’une décision de gel, de saisie ou de confiscation prise par une autorité judiciaire compétente dans le cadre de  
procédures pénales ou civiles.  
13  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
4 .Régime de mitigation en place  
ser ces pouvoirs de saisie et de confiscation également dans le  
cadre de l’entre-aide judiciaire fournie aux pays étrangers.  
mentation du nombre et de la qualité des inspections in situ, un  
plus grand nombre de mesures correctives et le renforcement  
des règlements et des procédures (p. ex. octroi d’agréments)  
des autorités compétentes. En 2017, les superviseurs compé-  
tents en matière de LBC/CFT ont, dans l’ensemble, effectué  
plus de 100 inspections in situ (et probablement le double de  
ce nombre sous forme de contrôles sur dossier), appliqué plus  
de 80 mesures correctives (sous forme de sanctions et autres  
avertissements) et diffusé plus de 10 circulaires (entre autres  
directives). Un aperçu des principales autorités de surveillance  
est présenté ci-dessous.  
Parmi les autres réformes pertinentes du cadre juridique fi-  
gurent celles relatives à la mise en œuvre des sanctions finan-  
cières internationales (y compris celles relatives au FT) et à la  
transparence fiscale. Le Ministère des Finances a été désigné  
comme autorité compétente pour toutes les questions rela-  
tives aux aspects financiers des sanctions internationales et à  
leur application. Dans ce rôle, le Ministère coopère étroitement  
avec toutes les parties prenantes clés en matière de mise à jour  
législative et réglementaire, d’approbation et de diffusion des  
meilleures pratiques, d’identification des tendances et de par-  
tage du savoir-faire entre les autorités, le secteur privé, et as-  
sure la représentation du Luxembourg dans diverses enceintes  
internationales. En matière de transparence fiscale, un certain  
nombre d’initiatives ont été prises, en introduisant la crimi-  
nalisation des infractions fiscales (fraude fiscale aggravée), en  
ajoutant six infractions fiscales supplémentaires (fraude fiscale  
aggravée et évasion fiscale) à la liste des infractions principales  
de BC, en renforçant l’entraide judiciaire par la suppression de  
la réserve des questions fiscales du Protocole additionnel à la  
Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pé-  
nale, ainsi qu’un renforçant des mécanismes permettant un  
échange national et international de renseignement.  
La Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF)  
est l’autorité de surveillance prudentielle et le superviseur LBC/  
CFT du secteur financier. La CSSF supervise un large éventail  
de professionnels du secteur financier, y compris toutes les  
banques (incluant les banques de détail et les banques d’af-  
faires, les banques privées, les banques de gestion de fortune,  
les banques assurant des services financiers aux entreprises et  
les banques d’investissement, les dépositaires et les déposi-  
taires centraux de titres - DCT) les établissements de paiement,  
les sociétés d’investissement (placements collectifs, autres),  
et les prestataires de services financiers. La CSSF applique des  
exigences strictes en matière d’agrément et d’autorisation (par  
exemple, des exigences d’honorabilité et de compétence, des  
analyses en vue d’une recommandation d’agrément au Minis-  
tère des Finances), y compris une revue continue (par exemple  
en cas de changement d’actionnaires) et a le pouvoir de retirer  
ces agréments pour non-conformité (en matière de LBC/CFT  
ou autres). En outre, un double processus d’autorisation est  
en place depuis novembre 2014, les banques de la zone euro  
étant placées sous l’autorité ultime de la Banque centrale euro-  
péenne (BCE) pour ce qui est de l’octroi de licences.  
Le régime luxembourgeois de LBC/CFT est complété par un  
cadre de prévention et de surveillance couvrant le secteur  
privé et les autorités de surveillance compétentes en ma-  
tière de LBC/CFT. Tandis que le secteur privé exerce son rôle  
préventif conformément à la réglementation (par exemple,  
la vigilance à l’égard de la clientèle, le suivi des transactions),  
les superviseurs sont chargés de définir les réglementations  
et recommandations applicables (en ligne avec la législation  
nationale et les compétences de chaque superviseur), de pro-  
mouvoir et d’assurer la conformité des entités surveillées aux  
obligations de LBC/CFT, de sanctionner la non-conformité et de  
sensibiliser aux risques du BC/FT. Ces activités ont été considé-  
rablement améliorées au cours des dernières années, par l’aug-  
La CSSF dispose d’un large éventail de pouvoirs de contrôle qui  
s’appliquent également aux questions de LBC/CFT, y compris  
la demande et l’accès aux informations des entités contrôlées,  
l’échange d’informations avec d’autres autorités nationales et  
internationales, les inspections et enquêtes sur site et hors site,  
14  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
4 .Régime de mitigation en place  
les sanctions imposées et le gel des avoirs saisis par les autori-  
tés du Ministère public. Ces pouvoirs présentent quelques dif-  
férences entre les différents sous-secteurs sous la supervision  
de la CSSF (par exemple, les pouvoirs de sanction sont parti-  
culièrement étendus dans les établissements CRR). Au cours  
des 5 à 7 dernières années, la CSSF a publié de nouvelles régle-  
mentations et recommandations, mis en place un processus  
interne de dénonciation des dysfonctionnements et conçu une  
approche fondée sur les risques pour la supervision LBC/CFT,  
qui est continuellement affinée pour être appliquée aux procé-  
dures internes (par exemple, pour hiérarchiser l’affectation des  
ressources).  
nomiques, les prestataires de services aux sociétés et fiducies,  
les opérateurs de ports francs et certains négociants en biens  
de grande valeur24. Les obligations de divulgation en matière  
de LBC/CFT sont les mêmes qu’en matière fiscale, accordant  
à l’AED des pouvoirs importants pour accéder et demander  
des informations, pour effectuer des inspections et infliger des  
amendes aux entités non conformes. Les protocoles d’échange  
de données à des fins de LBC/CFT avec diverses autorités na-  
tionales sont renforcés. Dans le cadre de son nouveau mandat,  
elle a mis en place ces dernières années une unité et un person-  
nel dédiés à la LBC/CFT, un Comité consultatif LBC/CFT chargé  
de promouvoir le dialogue avec les associations profession-  
nelles des secteurs surveillés, et procède actuellement à des  
inspections spécifiques sur place.  
Le Commissariat aux Assurances (CAA) est l’autorité de sur-  
veillance prudentielle et le superviseur LBC/CFT du secteur des  
assurances (incluant les assureurs, réassureurs, intermédiaires,  
fonds de pension et professionnels du secteur des assurances).  
La CAA applique des exigences strictes en matière d’agrément  
et d’autorisation, et a le pouvoir de demander et d’accéder à  
des informations, d’effectuer des inspections sur pièces et sur  
place et de sanctionner les entités non conformes (les sanc-  
tions incluant des amendes, des pénalités, d’autres mesures  
correctives ou le blocage de certaines actions telles que des  
acquisitions). Ces dernières années, la CAA a également ren-  
forcé l’échange d’informations avec d’autres autorités natio-  
nales et internationales, et a constamment mis au point son  
approche basée sur les risques, notamment en lançant des  
questionnaires, révisés ou nouveaux, à l’intention des entités  
supervisées pour l’informer de son évaluation des risques.  
Au Luxembourg, un certain nombre de prestataires de ser-  
vices professionnels sont pour la plupart autorégulées en  
matière de LBC/CFT, notamment les réviseurs d’entreprises,  
les experts comptables, les notaires et les avocats. Toutes les  
professions autoréglementées sont soumises aux mêmes obli-  
gations fondamentales en matière de LBC/CFT : devoir de vi-  
gilance à l’égard de la clientèle, organisation interne adéquate  
et obligation de coopération avec les autorités. Les pouvoirs et  
les pratiques diffèrent en fonction des professions et de l’orga-  
nisme d’autorégulation (OAR), ce qui reflète également les par-  
ticularités de leur secteur. En général, cependant, les OAR ont le  
pouvoir de fixer des règles à leurs professionnels pour assurer  
le respect des obligations en matière de LBC/CFT, d’effectuer  
des contrôles (par les pairs) et de sanctionner la non-conformi-  
té. En outre, bon nombre de ces professionnels peuvent pres-  
ter des services aux sociétés et fiducies (TCSP), tout comme  
les banques, les professionnels de l’investissement et d’autres  
prestataires de services aux entreprises sous la supervision de  
la CSSF et de l’AED en matière de LBC/CFT. Au Luxembourg,  
les professionnels légalement autorisés à prester des services  
classés dans la catégorie des services aux sociétés et fiducies  
L’Administration de l’Enregistrement, des Domaines et de  
la TVA (AED) est l’administration fiscale luxembourgeoise en  
charge des impôts indirects (p.ex. la TVA, le droit de timbre).  
Elle assume la fonction de superviseur LBC/CFT pour certains  
secteurs non financiers, notamment les agents immobiliers, les  
professionnels de la comptabilité, les conseillers fiscaux et éco-  
24 Des personnes physiques ou morales négociant des biens, uniquement dans la mesure où les paiements sont effectués en espèces pour un mon-  
tant égal ou supérieur à 10 000 euros chaque fois qu’une transaction est exécutée en une seule opération ou en plusieurs opérations qui semblent  
être liées.  
15  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
4 .Régime de mitigation en place  
(TCSP), sont soit supervisés par un superviseur, soit par un  
SRB25. En outre, toutes les personnes morales doivent s’inscrire  
au Registre de Commerce et des Sociétés (RCS) tandis qu’un  
registre distinct sur la propriété effective est sur le point d’être  
mis en place.  
à autoriser tous les superviseurs, professionnels et organismes  
d’autorégulation à signaler leurs suspicions à la CRF et à par-  
tager des informations avec elle, sans obligations de secret  
professionnel et avec protection d’identité. Le nombre de STR  
soumis à la CRF a augmenté rapidement au cours des dernières  
années, en passant d’environ 7 000 en 2014 à environ 39 000 en  
2017. La CRF se réunit régulièrement avec d’autres autorités na-  
tionales et des SRB afin d’échanger des feedbacks sur les STR et  
d’apporter leur soutien au cours de séances de sensibilisation  
et de formation. Elle intègre le Groupe Egmont et participe à  
de multiples forums internationaux. En outre, la CRF peut geler  
des avoirs et prolonger les saisies d’argent liquide effectuées  
aux frontières par l’ADA (en tant qu’administration douanière)  
de 24 heures jusqu’à 3 mois.  
Le cadre de prévention et de surveillance en matière de LAB/  
CFT est encore renforcé par des règles et obligations spéci-  
fiques pour les opérateurs de jeux de hasard (p.ex. des exi-  
gences strictes en matière de licences).  
Les activités de détection sont principalement menées par la  
Cellule de Renseignement Financier (CRF) du Luxembourg.  
Les responsabilités de la CRF comprennent la réception et  
l’analyse des informations LBC/CFT, ainsi que la diffusion des  
renseignements recueillis auprès des autorités compétentes.  
La CRF a été créé en tant qu’organe indépendant dirigé par des  
magistrats qui opèrent en toute indépendance dans le cadre  
du système judiciaire et est située au sein des autorités de  
poursuite luxembourgeoises (c’est-à-dire une CRF de type judi-  
ciaire). En tant que magistrats, ils remplissent leurs fonctions en  
toute indépendance, en gérant leur portail sécurisé de déclara-  
tion de transactions suspectes (STR), en décidant des analyses  
opérationnelles ou stratégiques à effectuer et en diffusant les  
informations le cas échéant (auprès des autorités nationales  
ou internationales). Au cours des trois dernières années, le  
personnel a été renforcé, l’accès aux bases de données a été  
élargi et les outils informatiques ont été améliorés (y compris  
l’adaptation et la mise en œuvre d’un canal sécurisé pour le dé-  
pôt des STR à partir de 2017). En outre, les dispositions légales  
ont été renforcées, de manière à obliger toutes les autorités du  
secteur public de signaler toutes activités suspectes à la CRF et  
Bien que l’Administration des contributions directes (ACD) et  
le Service de Renseignement de l’Etat (SRE) ne soient pas des  
autorités compétentes en matière de LBC/CFT, ils jouent un  
rôle important dans le soutien des efforts de prévention. L’ACD  
a mis en place des processus d’examen fiscal et d’échange d’in-  
formations pertinents qui contribuent à réduire la probabilité  
d’infractions fiscales et à augmenter la probabilité de leur dé-  
tection si toutefois ils sont commis. Le SRE est l’autorité luxem-  
bourgeoise de renseignement en matière de sécurité nationale  
et joue un rôle important dans la prévention du terrorisme.  
En termes de stratégie et de coordination en matière de LBC/  
CFT, le Ministère de la Justice et le Ministère des Finances  
jouent tous les deux un rôle central. Le Ministère de la Justice  
est responsable de la coordination nationale et internationale  
des questions26, relevant de l’OCDE et du GAFI, tandis que le Mi-  
nistère des Finances prépare la politique financière de l’État. La  
25 La loi LBC/CFT de 2004 définit les prestataires de services aux sociétés et fiducies comme étant des personnes physiques ou morales qui four-  
nissent, à titre professionnel, l’un des services suivants à des tiers : a) Agir comme agent de constitution de personnes morales ; b) Agir (ou faire  
en sorte qu’une autre personne agisse) comme administrateur ou secrétaire d’une société, associé d’une société ou un poste similaire à l’égard  
d’autres personnes morales ; c) Fournir une adresse de siège social, d’affaires, de correspondance ou administrative pour une société, une société  
en nom collectif ou toute autre personne morale ou construction juridique ; d) Agir (ou faire en sorte qu’une autre personne agisse) comme  
fiduciaire d’une fiducie ou de toute autre structure juridique similaire ; e) Agir (ou faire en sorte qu’une autre personne agisse) comme actionnaire  
désigné au nom d’une autre personne. Cela comprend les banques, certaines entreprises d’investissement, dont certaines sont des PSF spéciali-  
sés (tous contrôlés par la CSSF), les compagnies d’assurance et de réassurance (contrôlés par la CAA), les centres d’affaires et les administrateurs  
indépendants (contrôlés par l’AED), les experts-comptables, les auditeurs, les avocats et les notaires (tous contrôlés par leur organisme d’autoré-  
gulation respectif).  
26 Arrêté grand-ducal du 23 décembre 2013 portant constitution des Ministères.  
16  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
4 .Régime de mitigation en place  
coordination nationale est assurée par le biais de réunions de  
coordination et de sous-comités par thème, qui encouragent  
la discussion sur plusieurs sujets tels que l’intégration de sec-  
teurs dans les révisions de la loi LBC/CFT, l’ajout d’infractions  
comme infractions primaires en matière de blanchiment, et  
des groupes de travail concentrés sur les changements législa-  
tifs pertinents.  
Enfin, la coopération internationale est à la base de nom-  
breuses activités LBC/CFT au Luxembourg, compte tenu de  
l’ouverture de son économie et de la diversité de sa population  
active. Cette coopération est assurée au niveau de chaque au-  
torité compétente (par l’adhésion à des groupes internationaux  
pertinents ainsi qu’à des mécanismes d’échange d’informa-  
tions), des services répressifs (coopération policière, demandes  
d’entraide judiciaire, extraditions et échanges avec d’autres  
bureaux de recouvrement d’avoirs) ainsi qu’au niveau national  
(conventions et traités bilatéraux et multilatéraux). Qui plus  
est, le Luxembourg a ratifié/signé la Convention de Vienne27, la  
Convention de Palerme28, la Convention sur le financement du  
terrorisme29, la Convention des Nations Unies contre la corrup-  
tion, la Convention du Conseil de l’Europe sur la cybercrimina-  
lité (2001) et la Convention du Conseil de l’Europe relative au  
blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des  
produits du crime et au financement du terrorisme30. En 2017,  
le Luxembourg a reçu environ 400 CRI (dont environ 70 liées  
au blanchiment de capitaux), 44 demandes d’extradition du  
Luxembourg vers un autre pays (et 98 d’un autre pays vers le  
Luxembourg), 55 demandes d’assistance ont été reçues par le  
Bureau de recouvrement des avoirs et > 1 500 messages de po-  
lice à police concernant le blanchiment de capitaux et le finan-  
cement du terrorisme ont été échangés avec des partenaires  
étrangers.  
27 Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, 1988.  
28 Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, 2000 (et ses protocoles).  
29 Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 1999 - adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans  
sa résolution 54/109 du 9 décembre 1999.  
30 Convention de Varsovie - Traité n° 198 - Convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation  
des produits du crime et au financement du terrorisme.  
17  
Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
5. Perspectives d’avenir  
5. PERSPECTIVES DAVENIR  
Le présent inventaire fournit une évaluation complète des  
risques existant au Luxembourg en matière de LBC/CFT. Il per-  
met aux autorités luxembourgeoises de renforcer leur compré-  
hension commune des principales menaces et vulnérabilités,  
d’améliorer davantage leurs actions d’atténuation et de définir  
une stratégie globale de LBC/CFT.  
Le Luxembourg est conscient que la lutte contre le blanchiment  
de capitaux et le financement du terrorisme nécessite une ac-  
tion continue. En mettant en œuvre sa première ENR, le Luxem-  
bourg continue à développer et à consolider son régime de  
LBC/CFT, contribuant ainsi aux importants efforts fournis dans  
ce domaine à l’échelle internationale.  
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Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
Annexe A. Glossaire des principaux termes et définitions  
ANNEXE A.  
Terme  
GLOSSAIRE DES PRINCIPAUX TERMES ET DÉFINITIONS  
Définition  
Administration des Contributions Directes  
– Direct tax administration  
ACD  
Administration de l’Enregistrement, des Domaines et de la TVA  
– Indirect tax administration – administration des impôts indirects  
AED  
Anti-money laundering  
LBC – Lutte contre le blanchiment de capitaux  
AML  
Anti-money laundering and countering the financing of terrorism  
LBC/CFT Lutte contre le blanchiment de capitaux et Combat du financement du terrorisme  
AML/CFT  
ARO  
BN  
Luxembourg’s Asset Recovery Office (Bureau de Recouvrement des Avoirs – BRA)  
Billion – milliard  
Commissariat aux Assurances  
Luxembourg’s insurance supervisor  
CAA  
Countering the financing of terrorism  
Combat du financement du terrorisme  
CFT  
CRF  
CPP  
Cellule de Renseignement Financier – Luxembourg’s FIU  
Code of Criminal Procedure (CCP)  
CPP - Code de procédure pénale  
Certain type of investment firm under CSSF supervision (based on which activities the investment firm is authorised to  
perform)  
CRR  
Certain type d’entreprise d’investissement soumise au contrôle de la CSSF (sur la base des activités que l’entreprise  
d’investissement est autorisée à exercer)  
Commission de Surveillance du Secteur Financier  
Luxembourg’s financial sector supervisor  
CSSF  
Natural or legal persons trading in goods, only to the extent that the payments are made in cash in an amount of EUR  
15.000 or more whenever a transaction is executed in a single operation or in several operations which appear to be  
linked (2010 AML/CFT Law)  
Personnes physiques ou morales négociant des biens, uniquement dans la mesure où les paiements sont effectués  
en espèces pour un montant égal ou supérieur à EUR 15 000 chaque fois qu’une transaction est exécutée en une seule  
opération ou en plusieurs opérations qui semblent être liées (loi LAB/CFT 2010)  
Dealers in goods  
ECB  
European Central Bank  
BCE – Banque centrale européenne  
European Economic Area  
EEE - Espace économique européen  
EEA  
Egmont Group  
Informal network of 151 FIUs for the stimulation of international cooperation  
Groupe Egmont - Réseau informel de 151 CRF pour la stimulation de la coopération internationale  
European Union  
UE - Union Européenne  
EU  
Financial Action Task Force  
GAFI - Groupe d’action financière internationale  
FATF  
FIU  
Financial Intelligence Unit – correspondant à la Cellule the Renseignement Financier (CRF) in Luxembourg  
Operators in a free zone authorized to carry out their activity pursuant to an authorization by the ADA within the Com-  
munity control type 1 free zone located in the municipality of Niederanven Section B Senningen called Parishaff L-2315  
Senningerberg (Hoehenhof)  
Opérateurs de port franc –Opérateurs en zone franche autorisés à exercer leur activité en vertu d’un agrément de l’Admi-  
nistration des douanes et accises dans l’enceinte de la zone franche douanière communautaire du type contrôle I  
sise dans la commune de Niederanven section B Senningen au lieu dit Parishaff L-2315 Senningerberg (Hoehenhof).  
Freeport operators  
Gross Domestic Product  
PIB – Procuit intérieur brut  
GDP  
Investigative Judge  
IRE  
Juge d’instruction  
Institut des Réviseurs d’Entreprises  
Police Judiciaire  
Judicial Police  
Legal Assistance Request (sometimes referred to as Mutual Legal Assistance – MLA or Commission Rogatoire Internatio-  
nale, CRI)  
LAR  
Magistrats  
BC/FT  
MM  
Magistrates, i.e. according to Luxembourg law on judicial organization either Investigative Judges or Prosecutors  
Money laundering and terrorist financing  
Blanchiment d’argent et financement du terrorisme  
Million  
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Évaluation nationale des risques en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme  
Annexe A. Glossaire des principaux termes et définitions  
Terme  
Définition  
Comité de Suivi des Sanctions Financières Internationales  
(Monitoring Committee for International Financial Sanctions)  
Monitoring Committee  
MSB  
NRA  
OAD  
OAL  
OEC  
Money services business – Entreprise de service monétaire  
National Risk Assessment – Évaluation nationale des risques  
Ordre des Avocats de Diekirch  
Ordre des Avocats de Luxembourg  
Ordre des Experts Comptables  
Organization for Economic Cooperation and Development  
OCDE - Organisation de coopération et de développement économiques  
OECD  
State Prosecutors’ Offices at the District level (Luxembourg and Diekirch)  
Bureaux des procureurs généraux des tribunaux d’arrondissement de Luxembourg et de Diekirch  
Parquet  
General State Prosecutor’s  
Office Bureau du procureur général  
Parquet Général  
Parquet Général Statistical  
Service  
Statistical Service of Prosecution authorities  
Service statistique du Parquet Général  
Professionals falling under the scope of the 2004 AML/CFT Law as defined in article 2 and subject to the professional  
obligations outlined under articles 3 to 8  
Professionnels relevant du champ d’application de la loi LAB/CFT de 2004 telle que définie à l’article 2 et soumis aux  
obligations professionnelles visées aux articles 3 à 8.  
Professionals  
Prosecution authorities  
« Parquet » ou « Ministère public »  
Prosecutor  
Procureur  
PSFs  
Professionnels du secteur financier – professionals as defined in the 1998 CSSF Law  
Registre de Commerce et des Sociétés (désormais appelé Luxembourg Business Registers – LBR)  
Réviseurs d’Entreprises tels que définis dans la Loi relative à la profession de l’audit de 2016  
RCS  
Réviseurs d’Entreprises  
Suspicious Activity Report  
Déclaration d’activité suspecte  
SAR  
e-commerce related SAR  
Déclaration d’activité suspecte liée au commerce électronique  
SARe  
SRBs  
Self-regulatory bodies  
OAR - Organes d’autorégulation  
SRE  
Service de Renseignement de l’Etat – Luxembourg Intelligence Service  
Procureur d’Etat  
State Prosecutor  
National Institute of Statistics and Economic Studies of the Grand Duchy of Luxembourg  
Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché de Luxembourg  
STATEC  
STR  
Suspicious Transaction Report - Déclaration de transaction suspecte  
e-commerce related STR Déclaration de transaction suspecte liée au commerce électronique  
All types of reports, ie STR, SAR, STRe, SARe, TFTR, TFAR  
STRe  
STRs  
TCSP  
Trust & Corporate Service Provider - Prestataire de services aux sociétés et fiducies  
Terrorist financing  
FT – Financement du terrorisme  
TF  
Terrorist Financing Activity Report  
Rapport d’activité sur le financement du terrorisme  
TFAR  
TFTR  
UN  
Terrorist Financing Transaction Report  
Rapport sur les transactions de financement du terrorisme  
United Nations  
NU – Nations Unies  
United Nations Office on Drugs and Crime  
Office des Nations unies contre la drogue et le crime  
UNODC  
VAT  
Value Added Tax  
TVA – taxe sur la valeur ajoutée  
Loi du 12 novembre 2004 relative à la lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme portant  
transposition de la directive 2001/97/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 décembre 2001 modifiant la directive  
91/308/CEE du Conseil relative à la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux  
(as amended by following laws)  
2004 AML/CFT Law  
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